Y'a qu'en laissant éclater l'orage
Qu'on s'donne la chance, demain,
D'admirer l'arc-en-ciel.
Alors voilà, j'déverse ici ma rage,
Ma peine, mon fiel,
Mais attention : le noir désespoir, ça déteint,
Vaut mieux éviter si l'on n'est pas atteint.
Aussi j'vous les donne, mais néanmoins j'vous préviens :
Ces pages ne sont pas à mettre entre toutes les mains...
Autrement dit : vous n'êtes pas obligés de lire,
Parfois vaut mieux s'abstenir.
Quoi qu'il en soit, ne vous inquiétez pas :
Si je les envoie,
C'est que maintenant, ça va..
Austr'Au lit
À 19h voire avant,
Tous les soirs j'suis au lit.
J'vois rien, de l'Australie
Ni des gens,
J'passe mon temps
À m'goinfrer comme une truie.
Dès qu'le soleil est parti,
J'ai plus d'envie, plus d'allant,
Y'a qu'ma bouche qui fonctionne
Façon gloutonne.
Forcément, pour la ligne c'est pas génial,
Mais si c'était qu'ça, encore,
J'm'en accomoderai sans mal.
Non, c'que j'déteste vraiment,
C'est c'que ça donne sur tous les autres plans :
Vie sociale,
Curiosité,
Désirs,
Energie, projets d'avenir...
Plus rien. Néant.
Plus ton estomac est plein
& Plus ton coeur est déserté,
Plus tu veux fuir.
Loin des gens, loin de la vie. Loin.
& Le pire c'est qu'même ça,
Ca qui prend toute la place,
Occupe toute la surface,
Ne te satisfait pas.
Si au début tu goûtes
C'que tu portes à ta bouches,
très vite tu prends plus l'temps.
T'enfournes tout c'qui passe,
À même la boîte, à la louche ;
Peu importe c'que c'est,
Peu importe de quand ;
Peu importe si ça a l'air suspect...
T'façon, tu te dégoûtes.
Ton corps parfois se défend,
Nausées, haut le coeur,
Toujours plus fort il crie
"Arrête là, ça suffit" ;
Mais ton ego, si bête & si puissant,
Rétorque "Même pas peur!",
... Et t'en reprends un bout.
Jusqu'au moment où...
Petit A, t'as un éclair d'lucidité,
Tu t'mets à penser à l'après,
Dans quel état tu vas te réveiller...
Vision d'horreur, t'arrives à stopper.
Rarement.
Petit B, ton cerveau est satisfait.
L'drogué a eu sa dose,
Parfait, tu peux mettre sur pause.
Fermer le frigo, le pot de confiture,
Ranger les couverts, jusqu'à la prochaine piqûre.
Plus souvent.
Petit C... Jusqu'au moment où tu peux plus.
Littéralement.
Parce qu't'as vidé tous les placards,
Les armoires, fouillé tous les tiroirs,
T'as plus rien à te mettre sous la dent.
Ou parce que ton corps, épuisé,
Crie au martyre.
T'as l'ventre tellement tendu
Qu'même si tu te forçais,
Plus rien passerait au-dessus ;
Tu trembles, pleures, délires,
Sans plus rien contrôler...
C comme cauchemar,
Ces jours les pires,
Et d'plus en plus fréquents...
Ces jours où t'en viens à te d'mander
Si on peut mourir d'indigestion,
Voire si ce s'rait pas la meilleure option.
Bien sûr, à ce stade-là,
Ca fait longtemps qu'tu sais qu't'as dépassé
Toutes les limites.
Qu't'as commencé à regretter, à t'détester.
Mais... Ca fait longtemps aussi que ton cerveau s'est débranché.
Tout va si vite,
T'es là mais t'es pas là,
C'est tes mains, ta bouche, mais c'est pas toi,
C'est un robot qui pense pa&s.
Toi t'es loin, très loin...
Jusqu'à la fin.
Fin de la crise,
Aussitôt tu reviens.
BAM. Tu réalises.
Tu t'dis qu'tu t'en sortiras pas
Et même si c'était l'cas...
Pour quoi?
T'es bon à rien,
Tu sers à rien,
Ca changera pas.
Tu f'rais mieux d'mourir d'indigestion.
Voilà où t'en es, les jours C...
Jours C qui s'invitaient
Seulement une fois par ci par là :
T'aimais pas
Mais t'apprenais à tolérer.
Sauf que voilà, ils se sont rapprochés,
Encore et toujours plus près,
Et désormais, c'est quasi quotidiennenment
Qu'il t'faut les supporter.
T'as plus le temps
De respirer
Qu'ils sont là à nouveau.
Toujours la tête sous l'eau,
Tu t'essoufles et bientôt,
Ce sera l'asphyxie.
Ils sont tout l'temps, partout,
C'est pas une vie.
À cause d'eux, dès qu'le soleil est couché
Tu vis plus. Ni avant, ni après,
Parce qu'tu sais qu'ils vont arriver.
Ca peut plus durer, tu l'sais,
T'es en train d'devenir fou...
Même, tu l'es déjà,
N'est-ce pas? ...
Mais alors QUOI?
Quoi pour faire cesser
Ce putain d'alphabet?!
Ecrire.
Parfois, ça rallume la lumière,
Ca t'permet d'arrêter avant d'aller trop loin.
Reprendre une bouffée d'air,
Réinventer l'avenir.
Même si tu restes dans ton coin,
C'est l'premier pas :
T'façon, t'iras pas,
Où qu'ce soit,
Si tu t'sens zéro pointé
- Voire pire.
Alors... Ecrire.
Pt'être que de l'Australie,
De mon passage,
Il me restera que ça :
Des pages & des pages,
Noircies
De jours sans désir.
Mais même si c'n'est que ça...
Ce sera déjà mieux
Que le vide dans mes yeux,
Dans mon coeur, dans mon âme.
Même si c'est de tristesse et de rage,
Ca permettra au moins, de faire tenir ma flamme...
***
Col'Air.
Colère, COLEEEEEERE,
Tu sais pas trop pourquoi,
Mais tu sens que c'est là,
Ca monte en toi,
Et tout autour, ça pollue l'air
Comme une substance toxique.
C'est électrique,
Etouffant, tes yeux lancent des éclairs
Et tes mâchoires se serrent.
Tu voudrais crier, casser, frapper,
Tout ettout l'monde, sans raison
Ni distinction ;
Comme un volcan en éruption,
Tu sens qu'tu vas déraper.
Pourtant tu veux pas... Pas blesser,
Pas vraiment, même si t'as la pulsion,
Tu sais qu'tu regretterais.
Alors que faire?
Partir. Loin. Seul. T'enfermer.
Comme une bête en cage,
Parce que tu vois pas d'autre moyen de contenir ta rage.
T'enfermer pour protéger.
Tourner en rond ou en carré,
Lire, écrire, regarder la télé,
N'importe quoi
T'en qu't'es seule avec toi.
Méditer?
Sûrement c'est c'qu'il faudrait mais...
Tu peux pas. Pas là.
T'es trop, trop dans tous tes états,
L'idée même de t'calmer
Décuple ta fureur.
Alors quoi?
Attendre, dusse durer des heures.
Attendre que la lave ait tout ravagé, dévoré,
Pour descendre, apaisé,
À nouveau dans la vallée...
***
Laissez-moi
Comptez pas sur moi,
Aujourd'hui, pour quoi qu'ce soit.
Laissez-moi
Dans mon trou,
Tout noir,
Sans espoir.
Laissez-moi là
Toucher le fond,
Patauger comme une con
Dans la boue.
Laissez-moi j'vous dis,
L'espoir a fui,
J'ai plus envie.
Plus envie de lutter,
D'faire des efforts pour m'en sortir,
Construire des projets,
Penser à l'avenir...
Plus envie.
Juste rester là sans rien faire.
La tête vide,
Surtout le coeur aride
Comme un désert.
M'laisser couler :
Le néant, ça doit pas être pire que l'Enfer.
Et si vous l'croyez pas,
Au moins... Laissez-moi.
Laissez-moi essayer,
Si j'en reviens, j'vous dirai.
***
Parfois le dégoût
De toi, de tout,
Est si fort
Qu'plus rien n't'apporte de réconfort.
Le soleil sur la peau,
Le doux chant des oiseaux,
Un conjoint attentionné,
Un job' qui te plaît...
Même un ticket d'loto
Ou un voyage au bout du monde,
Rien n'est assez.
La vague nauséabonde
Qui a empli ton corps
Se déverse. Nausée abonde
Sur l'extérieur,
Tes hauts le coeur
Annihilent toute forme de bonheur.
L'idée même d'un après, d'un ailleurs,
Meilleur ou différent,
S'est effacée,
Aspirée dans les sables mouvants.
Tu l'sais, dans ces moments là,
Personne peut rien pour toi.
T'as qu'à attendre, dans cet au-delà,
Le reflux d'la marée.
Parce qu'en même temps, tu l'sais :
Ca passera.
Bientôt ou pas,
Mais un jour, dans le monde des vivants,
Tu reviendras.
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